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Pour en finir avec l' "ostéopathie"

Site d'informations scientifiques sur une arnaque pseudo-médicale

Janvier 2016

Voici la conclusion générale du rapport de Cortecs au sujet de l’ « ostéopathie » crânienne :
cortex1
Concernant les fondements physiopathologiques de l’ostéopathie crânienne, nos recherches et analyses de la littérature sur le sujet montrent qu’aucune des hypothèses qui font la spécificité de ses fondements n’est vérifiée. Les hypothèses dont la vérifiabilité est avérée ou partiellement avérée sont en fait des hypothèses non spécifiquement ostéopathiques ; c’est le cas par exemple de celle concernant la circulation du LCR dans l’encéphale. À propos des procédures d’évaluation issues de l’ostéopathie crânienne, à l’issue de notre revue systématique de littérature sur ce thème, nous n’avons trouvé aucune preuve en faveur des reproductibilités intra et inter-observateurs de ces procédures. La majorité des études existantes et disponibles échouent à mettre en évidence ces reproductibilités pour tous les paramètres considérés et ce malgré des risques de biais souvent favorables à l’émergence de résultats positifs. Quant à l’efficacité thérapeutique des techniques et stratégies issues de l’ostéopathie crânienne, à la clôture de notre revue de littérature sur ce thème, nos résultats montrent que les preuves méthodologiquement valables et favorables à une efficacité spécifique sont pratiquement inexistantes.
Ces résultats convergent avec toutes les revues de littérature déjà menées sur le sujet.
En définitive, quelle que soit la terminologie du champs de l’ostéopathie crânienne que l’on utilise (approche crânienne en ostéopathie, ostéopathie dans le champ crânien, ostéopathie cranio-sacrée,etc.) les résultats de nos différentes revues et analyses de la littérature scientifique indiquent clairement que les thérapies s’y rapportant sont à ce jour dépourvues de fondement scientifique.
On aurait pu le subodorer dès leur invention, puisque très rares sont les concepteurs de « théories » cranio-sacrées ayant pris le soin élémentaire d’étayer leur pratique d’un quelconque élément de preuve. Cela montre une évidente défaillance épistémologique des fondateurs, mais également des continuateurs qui ont continué d’empiler des briques plus ou moins mal façonnées sur un marécage sans point d’appui. Souscrivant à l’Onus probandi, un thérapeute quelque peu scientifique aurait assurément pu réfuter sans preuve ce qui était affirmé sans preuve. Avec le soutien du CNOMK, nous avons accepté de faire le travail laborieux qui revenait logiquement aux prétendants. De fait, alors que nous pensions qu’il n’y avait pas a priori de raison scientifique de défendre cette discipline, désormais nous le savons.
N’étant pas prescripteurs de recommandations, nous nous sommes limités à une analyse impartiale, et c’est cette analyse qui mène à l’énoncé suivant : rien n’encourage aujourd’hui à la mise en place de ces thérapies dans le cadre d’une prise en charge raisonnée de patients.

 

Cette conclusion n’a d’ailleurs rien de surprenant en ce sens que d’autres études scientifiques avaient déjà abouti au même constat : l’absence totale de base anatomique, physiologiques, expérimentales, statistique de l’ « ostéopathie » crânienne.

On peut par exemple citer le rapport Centre for Health Services and Policy Research intitulé : COMPTE-RENDU METHODIQUE ET ÉVALUATION CRITIQUE DES PREUVES SCIENTIFIQUES SUR LA THÉRAPIE CRANIOSACREE dont voici la conclusion :

 

« Ce compte-rendu méthodique a montré qu’il n’existe pas suffisamment de preuves scientifiques pour recommander la thérapie crânio-sacrée à des patients, des praticiens ou à des tiers pour toute condition clinique. La littérature suggère que les sutures de la boite crânienne ne s’oblitèrent, ne fusionnent et ne s’ossifient qu’à l’âge adulte. Il y a bien quelques preuves (encore que provenant de recherches dont la qualité est discutable) de mouvement potentiel des sutures crâniennes dans les premières années de la vie. Mais les questions demeurent quant à savoir si un tel «mouvement » est décelable par la palpation ou si la mobilité a quelque influence sur la santé ou la maladie.

Les auteurs de ce compte-rendu ont également noté, en accord avec les tenants de la thérapie crânio-sacrée, qu’il existe un rythme crânio-sacré, une impulsion ou une « respiration primaire » indépendante des autres rythmes du corps pouvant être
mesurés (rythme cardiaque ou respiratoire). Avezaat & Eijndhoven 1986 [40] et Feinberg & Mark 1987 [46] ont employé une technologie sophistiquée pour comprendre le phénomène. Cependant, leurs études ainsi que d’autres n’apportent pas de preuves valables sur le fait que le « rythme » ou « pouls » crânio-sacré puisse être perçu avec fiabilité par un examinateur.

Notre compte-rendu ne permet pas de penser qu’il existe des données raisonnables qui permettraient une telle conclusion.

L’influence du rythme crânio-sacré sur la santé ou la maladie est totalement inconnue. Les cliniciens ont besoin de moyens d’évaluation fiables pour prendre des décisions.

L’évaluation crânio -sacrée n’a pas montré cette fiabilité.

La littérature sur la thérapie crânio-sacrée ne fournit pas de preuves de haut niveau, tels que des essais randomisés contrôlés de ses effets sur la santé. Les preuves disponibles sont de faible qualité méthodologique, varient fortement, manquent de cohérence et ne permettent pas d’apporter de conclusions logiques «positives » sur la thérapie crâniosacrée. »

De plus, les auteurs de ce rapport ont raison de souligner que des arguments comme celui utilisé par Upledger, en 1995, ostéopathe et fondateur de l’Institut d’Intégration Crânio-Sacré, qui affirme que :

« les résultats positifs d’un patient qui font suite à la thérapie crâniosacrée devraient peser plus lourd que les données rapportées par des protocoles de recherche impliquant des sujets humains car il n’est pas possible de contrôler toutes les variables d’une telle étude », ne sont pas recevables.

Et de poursuivre :

Ce point de vue a été contredit avec succès par des groupes tels que le Quantitative Methods Working Group of the U.S. National Institutes of Health Office of Alternative Medicine, ainsi que le Cochrane Collaboration on Complementary and Alternative Medicine.
De nombreux systèmes de mesures validées à partir de divers résultats sur la santé existent pour constater les « résultats positifs sur patients ».
Des systèmes de médecine complémentaire complexes peuvent être étudiés comme «gestalts » (intégration du tout) dans le but d’évaluer de l’intérieur un cadre d’intervention ou d’essais.

Les affirmations que les méthodes scientifiques actuellement disponibles ne conviennent pas pour évaluer les thérapies catégorisées à tour de rôle comme « non-traditionnelles », « alternatives » ou « complémentaires » ne sont pas valides.

Le problème n’est pas que la thérapie crânio-sacrée soit une entité « parallèle ».

Des études scientifiquement défendables et rigoureuses sont tout à fait applicables à tous ses aspects. Si elles étaient entreprises, de telles recherches auraient un grand mérite en donnant l’orientation nécessaire aux administrateurs, aux praticiens et aux patients.

file-acroCompte-rendu méthodique et évaluation critique des preuves scientifiques sur la thérapie crâniosacrée. British Columbia Office of Health Technology Assessment. Mai 1999. Joint Health Technology Assessment Series

C’est pourquoi l’intervention de Mr Michel Magnaval à la page 4 de Kiné Actualité (n°1439 du 17 mars 2016) est totalement inadaptée et anti-scientifique. On peut certes comprendre que le rapport de Cortecs ne lui fasse pas plaisir en tant qu’ « ostéopathe », mais les publications scientifiques n’ont aucune vocation à faire plaisir à telle ou telle profession, ni à apporter des alibis à telle ou telle théorie surtout A POSTERIORI.

Monsieur Magnaval s’interroge sur le droit du Conseil National de l’Ordre des Masseurs-Kinésithérapeutes à s’occuper de science, et constate que l’Ordre des Médecins ne s’occupe pas de la validation scientifique. Et bien c’est dommage !!!!

Et l’Ordre des Médecins ferait bien d’en faire autant, ce qui lui éviterait une position très ambiguë et hypocrite !

Car ce n’est pas la peine qu’un Ordre fasse passer des règlements qui disent que chaque médecin doit proposer à ses patients des méthodes thérapeutiques qui ont fait la preuve de leur validité dans l’état actuel des connaissances scientifiques, mais se désintéresse de valider la scientificité des méthodes en question.
pour ceux qui ne le savent pas l’article 39 (repris par l’article R.4127-39 du code de la santé publique) dit :

« Les médecins ne peuvent proposer aux malades ou à leur entourage comme salutaire ou sans danger un remède ou un procédé illusoire ou insuffisamment éprouvé. Toute pratique de charlatanisme est interdite. »

Cette mission devrait faire intégralement partie du travail de l’Ordre, ce qui remettrait justement de l’ « ordre » dans la médecine et les traitements.

Si la Loi française préfère fabriquer des usines à gaz ordinales, je ne vois pas en quoi se réfugier derrières des textes législatifs qui n’apportent rien d’autre qu’une vision administrative et non scientifique d’un métier, est un argument de défense.
je ne peux que féliciter l’initiative de l’Ordre des Masseurs-Kinésithérapeutes.

Monsieur Magnaval n’a toujours pas compris que la médecine est rentrée dans une époque d’évaluation, par l’intermédiaire de la puissance de l’informatique, d’une méthodologie de recherche et d’analyse statistique (E.B.M.) et que si la masso-kinésithérapie a tardé à suivre le mouvement, elle ne peut qu’en payer les conséquences.

Par exemple, il est maintenant scientifiquement prouvé que la rééducation sur les scolioses n’a aucun effet pour modifier l’angle d’une courbure (Cobb) ou stopper son aggravation ! Et ce n’est pas l’impression de terrain, ni l’expérience de telle ou telle personne qui compte, même sur 40 ou 50 ans d’école du dos à la française (même si des centaines de chirurgiens, médecins-rééducateurs, masseurs-kinésithérapeutes s’y sont consacrés toute leur vie) .
Combien de séances sont-elle encore faites dans cet objectif ?
Combien de médecins et de kinésithérapeutes sont-ils encore persuadés de l’efficacité de la rééducation contre une scoliose ?
Est-ce de la faute de la science, ou de l’absence d’information, ou de l’absence de volonté de se conformer au données scientifiques actualisées ?

Autre exemple.
Durant ma formation chirurgicale, j’ai été formé à la chirurgie du pied bot varus équin par grande libération postéro-médiale. C’était la méthode de traitement de référence française, qu’il fallait apprendre à maîtriser pendant son internat et son clinicat.

Les études récentes, le suivi des patients sur de grandes périodes de temps, le partage des données avec nos collègues orthopédistes adultes ont montré que ce type de chirurgie donnait de très mauvais résultats 40 ans plus tard.

Le message actuel est donc de dire : JAMAIS de chirurgie de libération du pied bot varus équin !
Oui : la Chirurgie dit qu’il ne faut pas faire de la chirurgie !

Et alors !
Ce qui est important, ce n’est pas notre impression de bon résultat immédiat dans notre petite vision partielle de vie des enfants, car en effet le résultat immédiat semble bon, mais bien ce qu’en disent les chirurgiens orthopédistes adultes plus tard.
Nous aussi nous pourrions dire : mais on voit bien que les pieds sont corrigés, même à l’adolescence, et que les patients sont très contents : ils courent, font du sport, n’ont pas mal et se chaussent normalement.
Oui, mais les données scientifiques publiées nous ont montré que ce résultat provisoirement bon se dégradait en seconde partie de vie !

Notre impression d’avoir fait du bon travail est donc totalement fausse !!!

Et il en est allé de même pour tous nos Maîtres en Chirurgie qui nous ont appris cette méthode, mais qui se sont trompés sur plusieurs générations !
Alors si nous n’écoutons pas les données scientifiques publiées, dans l’intérêt des patients, quand bien même elles ne vont pas dans le sens de notre métier (la chirurgie, dans cet exemple) ou de ce que l’on a mis plusieurs années à apprendre difficilement, alors il faut mieux changer de travail.

Monsieur Magnaval semble faire fit de toutes les études scientifiques publiées sur la question et les cataloguer « à charge » parce qu’elles ne vont pas dans le sens de son métier.
Qui est-il pour en savoir plus que toutes les personnes qui ont mis leur connaissances en commun pour faire une synthèse sur un sujet précis ?

Quelles connaissances épidémiologiques et statistiques possède-t-il pour critiquer des articles qui sont déjà passés à travers les filtres des reviewers ?

Faut-il lui rappeler également le travail énorme de l’INSERM sur les niveaux de preuve de l’ « ostéopathie » avec analyse de la bibliographie mondiale sur le sujet, et paru en avril 2012 ?

J’ai bien peur qu’à partir d’un certain niveau de croyance, il ne soit plus possible de discuter, et que l’approche scientifique d’une discipline ne serve plus à rien.

Ce que l’on peut résumer avec l’image suivante :

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